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Dourvac'h

1 janvier 2021

"Heiraten"

 

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Récit

Editions Stellamaris (Brest), 2015

Couverture brillante, papier épais [mat couché, 115 g].

Ouvrage comprenant de nombreuses illustrations N & B, 134 pages

[prix de vente public : 15 €]

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TEXTES CRITIQUES

(par ordre chronologique de parution en ligne)

 

Julie_Wohryzek___portrait

Julie Wohryzek - autour de 1918

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[1]  LydiaB - critique parue le 26 septembre 2015 [*] :

 

Je viens tout juste de refermer ce livre et j'en reste sans voix. J'avais déjà été charmée par Grand Large, roman sur les affres de la vie dans lequel l'auteur arrivait comme par magie à insérer une prose poétique de toute beauté... Mais là, nous sommes dans une autre dimension. 

Si je vous dis "Kafka", vous me répondez La MétamorphoseLe Procès ou Le Château. Mais Dourvac'h, lui, vous dira instantanément : "Julie". Julie ? Une des oeuvres inconnues de Kafka ? On pourrait presque le voir ainsi. Mais il s'agit en réalité de Julie Wohryzek, une de ses fiancées. Vous l'aurez compris, nous avons là un texte nous relatant la relation entre les deux amoureux ; une relation sur fond de tuberculose puisque la rencontre des tourtereaux s'est faite dans une "pension climatique". 

En s'immisçant ainsi dans les pensées de l'écrivain, l'auteur met en relief tout ce qui le rongeait : la maladie tout d'abord, sa première maîtresse, l'amour passionné pour Julie et... l'amour pour les femmes. Nous faisons face à un être torturé. Qu'en aurait-il été si le mal qui phagocytait ses poumons n'avait pas été là ? Si les parents de Julie avaient bien voulu de ce mariage ? Si Milena n'était pas venue le détourner de son chemin ? Autant de questions qui restent en suspens...

Je persiste et je signe, l'écriture de Dourvac'h est magnifique, travaillée, d'une richesse confinant au sublime. Il y aura désormais, lorsque je lirai du Kafka, cet écrit magistral en filigrane... Un "avant" et un "après" Heiraten

Chapeau bas à cet écrivain qui joue dans la cour des grands ainsi qu'à son éditeur, Michel Chevalier, des Editions Stellamaris, pour avoir eu le courage de publier un livre loin de toutes les sirènes commerciales. Et j'ajoute que celui-ci rend d'autant plus hommage à cette pépite littéraire qu'il est richement illustré sur papier glacé. 

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La pension d'Olga Stüdl à Schelesen (Bohême) autour de 1918

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[2]  nadejda - critique parue le 3 octobre 2015 [*] :

 

Poussez la grille de la pension d’Olga Stüdl à Schelesen où Kafka « le choucas » et Julie « la grive musicienne » vont se retrouver loin de Prague. Vous ne le regretterez pas. 
Cela commence ainsi :  

« Poussant la lourde grille de la pension : comme j’aime son joli grincement ! Un chant dans la neige.
Si près des yeux, sa double rangée de flèches.
Ecailles de métal peint sous la pulpe des doigts — rouille émeraude qu’on aime caresser longtemps comme le dos d’un lézard immobile.
Est-elle déjà là ?
Pas un mouvement aux rideaux.
Pas encore rentrée… »

et se poursuit tout en délicatesse, 

« Visage fragment de lune dont j’admirais le profil.
Cou fléchi de jeune cygne malade. »,

tout en effleurements poétiques pour approcher « l’éternel fiancé » et Julie femme enfant, fantasque, joueuse, mutine qui va lui offrir son rire auquel le sien fera un temps écho pour tenter de couvrir le monde angoissant qui est le sien.
Mais il faudra revenir à Prague où règne le père … Prague, où Milena va faire son apparition. 

« Si je pouvais - pas après pas - rejoindre ton bonheur de vivre… l’approcher pour m’installer à son côté sans l’effaroucher. Sans laisser deviner combien il me réchauffe… L’ombre des pères glisserait alors loin de nous deux. Lentement s’éloignerait dans les ruelles. L’ombre des ruelles ne tient-elle pas de cette ombre-là ? Elle nous laisserait enfin. Nous irions bras dessus, bras dessous. Nous gagnerons le soleil, la place un instant illuminée. Feux de bengale au crépuscule, qu’un forain laisse échapper de sa main » [p. 66]

Et revient aussi le souvenir d’une autre petite fiancée, papillon éphémère qui lui aura, elle aussi, servi à soutenir et faire renaître sa fièvre créatrice.
Gerti à Riva :

« Maintenant assise face à moi, son petit chapeau posé un peu de travers - en se donnant des airs graves. J’ai bien envie de rire mais son regard obstiné d’enfant me fait me reprendre. Je redresse mon menton qui s’appuyait sur un faux col immaculé pour la regarder au fond de l’âme.
Une enfant si confiante, profonde, à l’imaginaire si vaste. » [p. 104]

Ce petit livre jalonné de photos anciennes au charme suranné donne vie à des êtres que l’on pourrait croire sorti d’un album familial et ainsi nous les rend très proches. Et leur belle évocation poétique où s’intègrent des extraits de la correspondance de Kafka et de son journal vient renforcer cette impression de partager leurs rêves, leurs angoisses et leur intimité.

 

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Franz Kafka - autour de 1910

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[3] Barbara Delaplace - critique parue le 12 octobre 2015 [*] :

 

Pourquoi j'aime autant Heiraten ? Pour sa musique nostalgique et amère, pour la poésie de ses phrases qui surnagent longtemps après "Je ne sais pas parler du bonheur", Des phrases qui comme dans Grand Large : "Regarder la mer empêche de mourir" restent gravées dans ma mémoire.

Heiraten, au delà de l'histoire triste d'un amour de Franz K., est une longue poésie qui nous transporte ailleurs (dans le temps et dans l'espace) en décrivant avec une sensibilité incroyable les peurs et les sentiments du narrateur. En tant que peintre, j'admire aussi beaucoup ses qualités d'évocation . Chaque scène pourrait donner lieu à un tableau. 

Bref, un roman à lire mais aussi à garder dans sa bibliothèque pour relire une page au hasard de temps en temps, pour en savourer la musique et redécouvrir la dentelle de ses phrases parfaitement ciselées .

Un grand livre, un nouvel aspect du talent de Dourvac'h.

 

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Gerti Wasner, autour de 1913

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[4] Christiana Moreau - critique parue le 22 octobre 2015 [*] :

 

Je viens de lire ce roman très agréable par sa jolie couverture glacée, sa mise en page "respirante" et je ne l'ai pas lâché jusqu'à la dernière page.

Cela m'a beaucoup plu. le charme opérait. Il est léger comme un flocon de neige et en même temps glaçant; la promesse du malheur perçant sous les rires et les promenades, comme si cette insouciance ne servait qu'à recouvrir d'une fine couche de neige le noir caché en-dessous... cette façon de parler de choses graves d'une façon délicate, ce style romanesque, aérien, imagé emporte le lecteur dans l'intimité des personnages de Kafka et Julie, comme un temps figé dans le froid et les décors sublîmes ou inquiétants.
Le malaise de Franz et de Julie était le mien.
Il suffisait de presque rien... mais le sort n'a pas voulu... le poids de l'histoire, des traditions...

C'est très poétique et joliment écrit, comme un tableau impressionniste, par petites touches juxtaposées.
Cerise sur le gâteau, les photos qui illustrent les endroits dont parle le roman, ne font que renforcer l'ambiance de l'histoire. J'ignorais qu'il existât des endroits aussi étranges que ces rochers sculptés de figures monstrueuses...

Un livre que je recommande chaleureusement !

 

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Synagogue de Vinohrady à Prague, où officiait et travaillait le père de Julie Wohryzek

(elle fut détruite par les autorités municipales - communistes - dans l'après-guerre)

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[5] Patrickdlm - critique parue le 27 novembre 2015 [*] :

 

J'ai lu Heiraten il y a quelques jours. Je m'étais promis de vous faire part de mon sentiment. Aujourd'hui, la pluie tombe, c'est le bon jour.
Je suis heureux de posséder ce livre. Par les originalités de son propos et de sa mise en page, par l'évocation d'une époque et d'une rencontre amoureuse, et par son côté didactique (la brève biographie des protagonistes), c'est un livre inclassable. Donc une réussite !
Je retrouve là ce que j'avais déjà apprécié dans Grand Large, et qui est très éloigné de ma propre écriture : votre art de l'élision.
Cela relève de la poésie, bien sûr, en témoigne le tout premier paragraphe, pour moi un très joli poème. Et tant d'autres passages …
Merci pour ce long poème d'amour sur fond absolument pas kafkaïen. Franz K. est un jeune homme normal, sauf qu'il est juif, pauvre et tuberculeux. Il fréquente les sanatoriums.
Ça me rappelle mon enfance, où la tuberculose était soignée dans ces établissements hospitaliers, disparus depuis et où quelques camarades étaient soignés.
C'est que vous êtes tombé amoureux de Julie W. Ça saute aux yeux ! Félicitations ! Elle est très belle.
C'est bien de l'avoir fait revivre, cette jeune fille fort sage au destin tragique, comme celui, hélas, de toutes les familles juives de Tchécoslovaquie.
Les photos sont fort instructives également. Julie semble avoir 16 ans sur la couverture.
Je feuillette et re-feuillette ces pages ; une espèce de nostalgie s'empare de moi, une douce torpeur ; sans doute due au regret de les avoir quittées si tôt.
Il me faudra y revenir, ne pas hésiter à me plonger au hasard des pages, relire quelques phrases, détailler une photographie, lire une biographie.

 

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"Klacelka" : oeuvre sculptée dans le grès par Vaclav Levy (forêt de Libechov/Liboch près Zelizy/Schelesen, Bohême)

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[6] bobsinclar69 - critique parue le 2 mars 2016 [*] :

 

Heiraten est un roman que je recommande vivement. le style ciselé et l'immersion en plein coeur (en plein poumon) de cette pension climatique où se joueront la rencontre et l'amour entre Julie et Franz est bougrement prenante, parfois un peu oppressante, mais c'est sans doute l'effet recherché. Heiraten peut, par instant, dérouter mais ce roman nous captive de bout en bout et l'on s'attache aux personnages et l'on se surprend à souffrir avec eux. Il est important de signaler aux futures lectrices et futurs lecteurs que les mots sont fort judicieusement choisis et que l'on sent un véritable amour pour le langage, la narration et la construction d'une intrigue chez cet auteur de qualité. Dourvac'h qui nous avait beaucoup séduit avec Grand Large récidive ici avec un roman plus introspectif et c'est une belle réussite.

 

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"Hrad Kokorin" : Château de Kokorin - près Libechov/Liboch, Bohême

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[7] paul0914 - critique parue le 31 mars 2016 [*] :

 

Au départ, un sentiment d'immobilisme. 

Voici Franz Kafka, un homme énigmatique et intriguant qui se « terre » dans une pension au coeur d'une forêt enneigée. 
Que cherche-t-il ? Fuit-il ses démons dans un endroit reclus ? Cherche-t-il simplement du calme dans un endroit isolé ? Quoiqu'il en soit le décor, aussi mystérieux soit-il, est posé et ne cessera d'évoluer au fil de la lecture. 
En effet, nous partons alors à la découverte de cet homme paradoxalement antipathique mais attachant et la lecture se transforme peu à peu en ballade, un peu à l'image de cette promenade nocturne au coeur de la forêt enneigée. Comme les promeneurs, nous sommes happés par quelque chose, d'étrange mais magnifique qui nous pousse à la continuer (la lecture/la ballade) alors même que nous sommes cernés par le froid et la nuit de la personnalité de Kafka (une personne attachante par sa complexité finalement). 
Pourtant, la pénombre de l'âme de Kafka se voit être sublimée par la spontanéité et la beauté de l'âme des femmes qu'il rencontre et notamment cette Julie, dont la relation avec Franz Kafka est pour le moins peu banale, parfois incompréhensible (relation amoureuse ? relation amicale ? jeux d'enfants ?), mais toujours avec une sincérité touchante.
Tels les personnages au coin du feu, nous sommes finalement comblés, réchauffés par la puissance de cette relation pourtant étrange. 
Finalement, il ne faut pas chercher à comprendre mais simplement à se laisser porter par les flux sentimentaux des personnages si bien dépeints par Dourvac'h. 
Il faut simplement vivre cette histoire d'amour/amitié entre le froid de l'hiver et la chaleur de l'âme des personnages, l'agitation des rues de Prague et le calme de la pension, le mystère des légendes locales et la sincérité des sentiments. 
Le tableau est posé, le tableau est vivant, Dieu que c'est bon !
Merci, Dourvac'h, pour cette ballade poétique, magnifique et sincère.

 

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Julie Wohryzek après son mariage, années 1920

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[8] michfred - critique parue le 4 avril 2016 [*]

 

Entre le poème-conversation et le poème tout court, entre la neige et le lac, entre Julie et Gerti, entre les rochers des Diables et le balcon des anges, voici Heiraten...
Les "Noces" du récit et de la poésie.
Je n'ai pas "aimé" bêtement ma lecture : j'ai été envoûtée, bercée, magnétisée par le chant de Dourvac'h. 
Oui, le chant : une pincée de tchèque, un fidl de yiddish, ein bischen d'allemand et surtout sa langue à lui, toute de suggestions, de langueur maladive et de douceur... Subtile et triste, cultivée et enfantine, pleine de fêlures et de rires cristallins, pleines de larmes et de sourde angoisse. 
L'histoire est simplissime.
Franz Kafka rencontre Julie, dans une pension sous la neige, près d'une grande forêt où un sculpteur un peu fou a sculpté de géantes têtes de démons. Tous deux sont jeunes, tous deux sont phtisiques, tous deux sont juifs. Mais elle est gaie et toute naïve, lui est sombre et comme hanté par la mort à l'oeuvre dans son faible corps, par l'ombre terrible du père, par ses livres qui le dévorent comme une fièvre. 
Elle veut l'épouser: elle a déjà perdu un premier fiancé à la guerre. Elle veut un anneau. Il le lui achète mais bientôt par faiblesse, par lâcheté, par fatigue, il cède à l'interdiction menaçante de son père, - ou est-ce à la peur de la mort et de l'amour charnel ? à la rencontre avec Milena, l'âme-soeur? 
Pour la consoler, la distraire, il lui conte l'histoire d'un autre de ses amours perdus : Gerti, rencontrée au sanatorium.
Franz et Julie ne s'épouseront jamais. L'anneau de Julie n'aura jamais son pendant sur la main décharnée de Franz...
C'est tout. 
Mais c'est ne rien dire du charme intense de ce petit livre ciselé, musical, amoureusement construit, illustré, présenté.
J'avais lu et aimé déjà Grand Large : plus breton, plus romanesque, plus narratif -mais déjà plein de poésie et très impressionniste dans ses couleurs et sa palette...
Dourvac'h joue ici d'autres gammes : on pense à Caspar David Friedrich, à Adolphe, aux grands mythes du romantisme allemand, la Loreleile Roi des AulnesLeonore, et aux mythes juifs et tchèques — ces rochers diaboliques sont les Golems de la forêt — mais surtout son livre est ancré dans l'histoire d'un auteur qui est devenu comme son frère.
Il est Franz, il marche avec Julie dans la neige, il tient sa main et se désole de ne pas l'aimer assez, de ne pas l'aimer mieux, elle qui est si gaie, si tendre...
En lisant Heiraten j'avais mille images dans les yeux, et la musique klezmer berçait mon coeur de ses violons tour à tour frétillants et déchirants.
On doit relire Heiraten, presque tout de suite : c'est trop court, trop parfait.
On a l'impression d'avoir rêvé...

 

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Gerti Wasner enfant

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[9] SylvieDeSaintPhalle - critique parue le 9 mai 2016 [*] 

 

Le livre Heiraten est une petite fleur rouge dans le panorama littéraire français, très en dehors des logiques éditoriales si "commerciales"... Ce récit, s'abreuvant à de nombreuses sources littéraires et épistolaires, narre avec un style très esthétique l'histoire d'amour et les sentiments les plus profonds entre Franz (Kafka) et Julie (Wohryzek), la jeune fille qu'il rencontra dans la neige de Bohême en janvier 1919. Mais le livre n'est pas seulement le récit d'un amour, c'est un travail très profond et méticuleux de recherche dans l'existence du futur "grand écrivain" Kafka, comprenant les témoignages de ses proches, des extraits de son journal et de sa correspondance - avec de nombreuses photographies des protagonistes, des reproductions de cartes postales anciennes ou gravures des lieux qu'ils ont "hanté"... le lecteur arrive dans l'histoire comme ferait une petite « Alice au pays des merveilles » découvrant peu à peu un monde étrange : celui des sentiments les plus intimes de ces "grandes personnes"... C'est un roman délicat, fortement original tant dans son style que dans sa façon de décrire l'expérience émotionnelle des personnages. Un petit cadeau pour âmes sensibles !

 

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Prague, années 1910

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[10] ClaireG - critique parue le 13 juillet 2016 [*] 

 

Sanatorium de Riva (Tyrol) – 1913
Gerti et Franz. Kafka, 30 ans, rencontre la toute jeune Gerti, die Schweizerin, qui restera sa douce nostalgie, son idéal féminin. Elle adore les contes illustrés. Il ne lui dessine pas un mouton mais un chevalier, une princesse, un vieil elfe. Sa trace légère s'est perdue dans les limbes.

"Pension climatique" de Schelesen (Bohême) – 1919
Julie et Franz. Kafka, 35 ans, rencontre la jolie Julie. Ils se promènent, se plaisent, roucoulent, se fiancent, rompent, se revoient, se quittent. Elle est gaie et fougueuse, elle adore les musiciens de Prague. Il est sombre et pensif, l'écriture le torture, il souffre de l'autorité intraitable de son père qui refuse le mariage. 
Milena J. pourrait-elle être la cause de cette rupture définitive ?
Franz Kafka  laissé une nombreuse correspondance et ses manuscrits à son ami, Max Brod, avec mission répétée de tout détruire. L'ami n'obéit pas sans quoi nous n'aurions jamais connu Le ProcèsLe ChâteauLa colonie pénitentiaire, etc.
Heiraten (Noces) raconte de manière poétique, avec finesse et sensibilité, ces deux rencontres amoureuses. Alliant les dialogues imaginaires aux extraits de correspondance ou du Journal de Kafka, l'auteur nous entraîne sur les bords du lac de Garde, devant les énormes rochers sculptés de Vaclav Levy dans la forêt pragoise et dans les rues animées de la capitale tchèque. L'alternance de l'allemand, du tchèque et du yiddish donne un rythme très réaliste à ces amours sincères mais entravées.
Le bonheur est toujours de courte durée mais comme l'écrit Kafka : « Je ne sais pas parler du bonheur. N'est-il pas temps que j'apprenne ? »
Il a beaucoup appris mais sa nature fragile eut raison de son désir à 40 ans.
Les photos sépia de ces belles dames, de Prague et de sa pension sous la neige, invitent à feuilleter ce joli livre et à en découvrir tous les petits trésors de ces vagues amoureuses comme on s'attarde avec nostalgie sur un album de jeunesse. Une courte biographie de chaque personnage complète ce tableau gracieux en demi-teintes.

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orchestre Klezmer et enfant dansant

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[11] Mahema - critique parue le 2 septembre 2016 [*] :

J'ai beaucoup aimé la subtilité et la délicatesse de cette écriture poétique qui porte avec force la relation des personnages entre eux : Kafka et Julie, Kafka et Gerti. Je me suis laissée porter par cette lecture, j'ai lu sans m'arrêter une fois et j'ai goûté le rythme et le regard du narrateur vers l'intérieur pointé d'ironie, de conscience et de sensibilité et ainsi vers le monde extérieur, à l'autre. Puis j'ai relu au hasard et j'ai goûté cette belle écriture. 

 

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 Forêt de pins - versant sud du Mont Fourcat, Ariège, été 2015

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[12] Fleitour - critique parue le 6 septembre 2016 [*] :
Heiraten (Noces, ou au sens strict : "S'unir avec" en langue allemande) est le récit bouleversant des rencontres amoureuses de Kafka avec deux jeunes filles dont Julie W., nouées avec ce brin d'espoir : « La mort attendra bien encore un moment. » [page 44].
Le texte est un pur cristal, comme un verre dans la lumière floue du matin, comme le cristal de Roederer, fragile bouquet de parfums, de sentiments indicibles, un moindre faux pas et tout se brise, pour ces âmes clouées à un corps trop frêle. 
" Nul ne lira ce que j'écris ici; nul ne viendra m'aider" : Max Brod n'a pas détruit l'oeuvre de Kafka, et les documents sont restés intacts même les plus secrets.
Et nous lisons ce qu'il a écrit, malade de la tuberculose, comme Julie W., comme Gerti W.
Dourvac'h a restitué dans Heiraten, tous les éléments de ces rencontres, des photos, des lettres, notamment de Kafka, jusqu'à émailler son texte de paroles en allemand ou en yiddish, apportant une étrangeté comme une sorte de grâce, entourant le son de leurs voix.
Texte d'un romantisme absolu, les mots sont fragiles, ils portent une ferveur amoureuse et une menace douloureuse, "T'écouter c'est entendre la plainte de chacun des arbres, endurer leurs plus humbles tracas." 
Plus on avance dans le texte plus la sincérité et la puissance de leur amour paraît éclatante et inébranlable, "toi que j'aime jusque dans ta beauté tragique."
Tout bascule, "car fuir, est impossible", " Viendra l'hiver je le sais bien. "
"Je lui tiens la main le silence nous sépare, tu comprends,"dit Kafka à Julie, et plus loin encore, "Nous ne pouvons nous marier puisque père t'a déjà insultée", et  viendra la peur , "Nous ne pouvons nous marier puisque j'ai peur de mourir, et parce que tu devrais mourir à ton tour !", - Et alors ? dit Julie. 
Dans ce récit, l'extrême sensibilité de Kafka est traduite d'une façon lumineuse, loin des clichés souvent exprimés par de bons érudits, pas mécontents de mettre sur le dos de Kafka, la seule partie noire de son oeuvre. 
Ce n'est pas une fiction imaginée par un fougueux romantique breton. Les dialogues sont en harmonie avec les écrits de Kafka, la mélancolie qui étreint Julie et Kafka, dans la recherche d'une issue, se heurte à leur maladie, à leur fragilité. L'aventure avec Gerti W. est une diversion de plus, car « [il] ne sai[t] pas parler du bonheur ».
Désespéré, il en appelle à la mort : « La maladie se débarrassera de moi. Tout devra disparaître. Max comprendra bien ça."
C'est bien Kafka lui même qui va dans sa solitude, perdre sa fiancée, éprouver une dernière fois, l'amour impossible et la mort prévisible. Morts tragiques que connaîtront 20 ans plus tard Julie et les trois soeurs de Franz dans les camps Nazis.
Que les lecteurs de Kafka se bousculent pour éprouver ce très beau texte, d'une poésie et d'une pudeur farouche : « Je n'ai plus froid... et tu es là, ça me suffit. Berce-moi. ».
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Forêt du Plantaurel au crépuscule - Ariège, été 2015
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[13] CWald - critique parue le 19 novembre 2016 [*] :

J'ai été captivée par l'univers de Kafka pour la seconde fois dans ma vie de lectrice. Kafka semble continuer son journal.... À la manière des cadavres exquis, c'est à ne plus savoir qui est l'auteur.
Une belle réussite !
Dès la première page, nous sommes aspirés, grâce à la beauté de l'écriture, dans l'univers amoureux de Frantz Kafka. Une écriture qui sert si bien cet univers, que parfois, nous retenons notre souffle, par peur d'être indiscrets...
Surprenante cette sensation que Kafka lui-même s'est glissé dans la peau de Dourvach pour évoquer ses bien-aimées. Ou serait-ce l'inverse ?
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Forêt du Plantaurel - Ariège, printemps 2015
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[14] nelly76 - critique parue le 4 février 2017 [*] :



Je vais essayer de vous parler de ce petit livre remarquable, mais depuis trois jours, les mots me manquent tant j'ai été subjuguée par sa lecture; Dourvac'h nous fait partager sa passion pour Kafka au travers ce magnifique petit roman en papier glacé, illustré de nombreuses photos anciennes et qui se divise en trois livres.


Livre 1 : Janvier/février 1919
La rencontre de Franz Kafka avec Julie Wohryzek à la pension d'Olga Stüdl à Schelesen en Bohême.
La beauté de la poésie, n'a d'égal que la beauté de Julie, Kafka m'a pris par la main et m'a entraîné au milieu de ces paysages enneigés en compagnie de Julie. Une atmosphère feutrée, des mots chuchotés, une discrète pudeur lors des conversations : est-ce Kafka qui nous raconte ? Non, c'est Dourvac'h, mais il nous emmène loin grâce une poésie d'une rare beauté, envoûtante, lyrique, et si pudique.

Livre 2 : Prague, mars 1919/décembre 1919
Retour à la réalité, Kafka doit travailler pour vivre, mais sa maladie le rattrape et prématurément doit prendre sa retraite.Il part quelques jours dans la ferme de sa soeur Otla, peu de temps après, il rompt ses fiançailles avec Julie Wohryzek, Il veut fuir cet amour impossible, car il sent sa mort proche, il la redoute mais n'a pas le courage de se suicider.

Livre 3 : Riva1913
Retour en arrière où lors d'un séjour au sanatorium de Riva il rencontre une jeune Suissesse de 18 ans : Gerti.
Évocation tout en douceur, la jeune fille étant à peine "sortie de l'enfance", et le spectre de la mort ne rôdant pas encore autour de Kafka.
C'est un livre à garder précieusement,et de temps à autre, relire ces phrases d'une beauté simple, pure, envoûtante et discrète.

A conseiller pour les amoureux de la très belle poésie ; merci à Dourvac'h pour cette sublime "plongée" dans la vie de Kafka.

 

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 Forêt du Pays d'Olmes - Ariège, novembre 2015

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[15] Cricri124 - critique parue le 4 février 2017 [*]  :

Ha ! Quel magnifique ouvrage, aéré et aérien; une onde poétique vibrante de romantisme. J'ai a-do-ré !

L'auteur peint avec des mots la rencontre de Franz Kafka et Julie Wohryzek, sa fiancée éphémère aux contours éternels. Égrainés de photographies et d'extraits du journal et de la correspondance de Franz Kafka, il fait fleurir ses amours, comme un bouton en forme de promesse.

" Je ne sais pas parler du bonheur.
N'est-il pas temps que j'apprenne ?
Un pas, puis deux dans la lumière...
Comme un enfant apprend à marcher. "

Ce n'est ni une biographie, ni une fiction, c'est les deux à la fois! Basé sur les écrits de Kafka, il s'agit d'une évocation de l'amour et ses tourments. Amours reviviscents, amours impossibles, amours tendrement romantiques, Kafka est attiré par Julie comme un papillon est attiré vers la lumière. Elle incarne la vie, la fraicheur, l'insouciance, la gaité. Tout son contraire, lui, dont l'âme est si tourmentée par la maladie et la mort.

"Tu parviens à me faire rire de moi avec toi - de mon brouet de petits malheurs, clairs et réjouissants pour toi, opaques et désespérants pour moi..."

C'est aux portes de la pension Stüdl que nait leur histoire et commence l'histoire.

"Poussant la lourde grille de la pension: comme j'aime son joli grincement! Un chant dans la neige.
Si près des yeux, sa double rangée de flèches.
Écailles de métal peint sous la pulpe des doigts - rouille émeraude qu'on aime caresser longtemps, comme le dos d'un lézard immobile.
Est-elle là? (...)"

La suite est tout aussi délectable...
Dans ce sanatorium dédié au repos et à la convalescence, qui semble protégé par un cocon neigeux, entouré d'une forêt d'ombre et de lumière, au sein de laquelle les "Diables de Levy" sommeillent, leurs amours s'épanouiront délicatement. Mais le retour à Prague est aussi celui du douloureux réveil, de la réalité qui balaie tout sur son passage, de l'omniprésence du père, de la peur de s'engager peut être. C'est également celui de la réminiscence de ses amours avec Gerti Wasner. La forêt enneigée qui nimbe son amour pour Julie finit par se fondre dans les lacs aux eaux dormantes de celui pour Gerti. Kafka apparait comme un amoureux de l'amour qui puise dans ses amours la force de vivre et d'échapper à la réalité.

"Douceur et mélancolie de l'amour. Son sourire s'adressant à moi dans la barque. C'était le moment le plus beau. Toujours désirer mourir, et surnager encore, cela seul est l'amour. " Franz K., Journal, 22 octobre 1913.

Ce livre original dans sa forme, inclassable dans son contenu, est superbe, comme une esquisse au fusain aussi légère qu'ombragée, comme un chant mélodieux au coeur de la nuit. Si vous aimez les belles écritures harmonieuses, ciselées et délicieusement poétiques qui chantent l'amour, vous l'aimerez aussi. Si en plus, vous êtes curieux de l'homme que pouvait être Franz Kafka, ce livre est définitivement pour vous! Un ouvrage trop court au nectar délicieusement gouteux, avec un petit gout irrésistible de "reviens-y". Sublime ! Une très très belle découverte.

 

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 Lever de lune - Ariège, novembre 2015

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[16] kielosa - critique parue le 5 octobre 2018 [*]  :

 

En feuilletant le petit livre de mon ami Dourvac'h je fus agréablement surpris d'y trouver une photo de Max Brod (1884-1968), "l'ami indéfectible de Franz Kafka", comme spécifie l'auteur. Je me souviens d'avoir, dans un moment d'idéalisme juvénile, souffert à cause de mon Français rudimentaire, sur son ouvrage Franz Kafka : Souvenirs et documents de 377 pages. Je suis allé consulter ma liste de livres lus et j'ai été sidéré par la date : le 7 février 1964, j'avais 17 ans. Bien que je n'étais pas assez mûr pour apprécier ce livre à sa juste valeur, il m'avait impressionné et c'est de là que date ma grande admiration pour Franz Kafka. Mais j'ai eu le bon sens d'attendre un peu avant de m'attaquer à son Le Procès, La métamorphose et Le Château.


Lors de ma première visite à Prague, en 1970, une amie tchèque m'a amené, à ma demande, à la tombe de ce géant de la littérature et de sa famille. J'ai aussi pu admirer la plaque commémorative, juste en face de cette tombe, à la mémoire de Max Brod qui, lui, a été enterré en Israël.

Cet ouvrage a reçu 15 critiques favorables sur Babelio et après les chroniques superbes de LydiaB et de mon amie ClaireG, il n'y a pas grand-chose que je puisse ajouter de sensé.

Sauf peut-être que ce document, puisqu'il s'agit d'un document, m'a plu. Il est par ailleurs richement illustré avec des photos de Julie Wohryzek, un amour de Kafka dont il a brossé un portrait flatteur dans une lettre à Max Brod, née à Prague en 1891 et morte à Auschwitz en 1944, et de la très jeune Gerti Wasner de Lübeck avec qui il a eu une liaison éphémère. À propos de cette Gerti, Kafka a écrit : "Pour la première fois j'ai compris une fille chrétienne et j'ai vécu pratiquement complètement sous son influence".

Ce qui m'a un peu étonné c'est de ne point y rencontrer une photo de Milena Jesenska, née également à Prague en 1896 et une autre victime des nazis, morte à Ravensbrück en 1944. Kafka et elle ne se sont rencontrés que 2 fois, mais comme Milena ne voulait pas divorcer de son mari, Kafka a mis fin à cette liaison. Elle a traduit plusieurs nouvelles du grand maître tchèque et j'ai lu d'elle Vivre que je peux vous recommander.

La rencontre de ces 2 amours brefs de Kafka, mort à 40 ans de tuberculose, est présentée de façon admirable : romanesque et littéraire. Certains passages vous prennent à la gorge, surtout si l'on tient compte de l'endroit, des sanatoriums, et du sort tragique des personnages.

Que penser du passage suivant (à la page 92) : "Nous ne pouvons nous marier parce que je suis si malade...Nous ne pouvons nous marier car tu deviendrais si malade... Nous ne pouvons nous marier parce que j'ai si peur de mourir..."

C'est triste de penser ce qu'un des plus grands écrivains du siècle dernier aurait pu nous laisser encore comme oeuvres merveilleuses, si une défaillance pulmonaire n'en avait pas décidé autrement !

C'est tout le mérite de Dourvac'h et des Éditions Stellamaris de Brest d'avoir rendu un hommage admirable à l'immortel Franz Kafka. J'espère que cet ouvrage contribuera à un regain d'intérêt pour cet auteur parmi les jeunes lectrices et lecteurs.

 

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Forêt au pied du Mont Fourcat - Ariège, novembre 2015

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[17] manolle - critique parue le 17 décembre 2018 [*] :

 

Le thème de Kafka et la très belle critique de LydiaB .. avaient éveillé ma curiosité. Ce livre était dans ma liste « à lire ». C'est chose faite aujourd'hui et je n'ai pas été déçue. Je dirai même que j'ai eu un véritable coup de coeur. Cette romance entre Kafka et Julie Wohryzek.. leur rencontre au sanatorium leurs promenades... l'atmosphère pragoise… on est happé par ce récit tout en délicatesse. Un instant on oublie l'ombre de la maladie...

L'émotion est palpable dans chaque mot chaque phrase... Dans un style fluide et élégant, une écriture soignée riche et poétique (comme je les aime), Dourvach nous transporte dans un autre monde. On souhaiterait poursuivre encore et encore...

Décidément oui un véritable coup de coeur... et que ça fait du bien de lire une telle prose...

 

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 Nuit sur les Hauts de Cagnes-sur-Mer, Alpes-Maritimes, décembre 2015

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[18]  Jean-Louis PIERRE, Président d'honneur de l'association Les Amis de Ramuz

- courrier dactylographié adressé à l'auteur, en date du 2 janvier 2018 :

 

Avec Heiraten (Noces), Dourvac'h nous propose un précieux petit ouvrage de 134 pages consacré à Franz KAFKA - plus exactement aux rencontres amoureuses de Julie Wohryzek (les dix-sept premiers chapitres) et Gerti Wasner (les trois derniers chapitres en "flash-back").

L'ouvrage est accompagné de brèves notices biographiques des principaux protagonistes, avec leur photo. Des éléments de la correspondance de Kafka avec son ami Max Brod, ou du "Journal" figurent soit en exergue aux chapitre soit intégrés au texte, en italiques.
Par souci de "fidélité envers les trois langues dont s'alimentaient quotidiennement Julie Wohryzek et Franz Kafka", l'auteur a, ponctuellement, redonné en langue originelle (allemand, yiddish, tchèque) quelques mots, expressions, ou répliques de dialogues. Intention louable mais pas indispensable - l'ouvrage est lui-même un hommage sensible à ces êtres trop tôt disparus - et cela rompt parfois, quelque peu, la continuité des propos et de la langue, contraignant à recourir à la lecture de leur traduction en bas de page. Un peu étonnant car la langue allemande a été, certes, la langue d'échanges : ce fut aussi celle des bourreaux d'Auschwitz où périt Julie.
Dourvac'h a voulu évoquer quelques moments fugitifs de bonheur de la rencontre amoureuse et de son innocence. Des échanges délicats, pleins de fraîcheur, de tendresse ludique ; une tonalité nervalienne parcourt certains passages et l'émotion nous saisit car est esquissée, comme en filigrane, la présence de la maladie et de la mort. Emotion aussi car la réussite de l'auteur est là qui nous incite à partager de tels moments avec un Kafka dont on a une image bien sombre ; on oublie que les êtres les plus inaptes au bonheur connaissent aussi des des instants de de joie, d'insouciance.
L'auteur a choisi un style fait de brefs dialogues, de nombreuses phrases nominales. La juxtaposition de ces notations, de nature et de fonctions diverses, qui ponctuent le texte lui donne une résonance poétique, comme un tableau fait de petites touches de "couleurs" différentes. C'est, au fond, une sorte de récit-poème.
Les derniers chapitres qui évoquent la toute jeune Gerti Wasner rencontrée en août 1913 au sanatorium de Riva effectuent un retour en arrière du point de vue chronologique mais c'est une autre logique subtile qui est à l'oeuvre : celle d'une sorte d'élévation finale vers l'innocence de l'enfance et le rêve.
Ainsi se clôt ce petit volume. On sait gré à Dourvac'h de ces pages qui nous font voir Kafka sous un autre jour : une facette de l'écrivain sans doute minoritaire mais profonde pourtant, essentiellement et poétiquement si humaine. L'on se pose enfin la question d'une autre rencontre importante et mieux connue de Kafka, celle de Milena Jesenska, que l'auteur n'évoque qu'au travers d'une notice biographique à la fin de son ouvrage : elle aussi assassinée par les Nazis, à Ravensbrück...
Et l'on a envie de reprendre la lecture de l'intégralité de l'Oeuvre de Kafka, signe de la réussite de ce discret ouvrage de Dourvac'h.

 

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 Julie Wohryzek - autour de 1918

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[19] lecontebenedicte - critique parue le 4 janvier 2020 [*] :

" Sous de lourdes, hautes façades, toujours prêtes à crouler, chaque être est point de lumière fuyante : poussière de constellations dans le brouillard des ruelles. "


Dans Heiraten tout est légèreté et lumière. L'amour, même éphémère, brille sur ces beaux visages de femmes, celles qui ont aimé Kafka, l'écrivain mélancolique et indécis qui craint de blesser celles qu'il aime.

L'auteur de ce livret, que l'on prendrait pour Kafka lui-même si de discrètes citations en italiques ne nous détrompaient, se faufile comme une ombre "dans ses habits de citadin", et souffle leurs paroles aux personnages qu'il fait revivre.

Tout en petites touches, telles des lapins de garenne , "traces de pinceau dans le paysage", phrases courtes, fragmentées : "Tout de même eu froid"/ "A peine pu travailler", injonctions : "Au plus vite se délivrer de ce mauvais acteur", poésie : "Ici comme ailleurs nous glissons vers l'hiver" "Les mots de Julie résonnent dans la forêt des ombres"./" Une apparition blanche au détour des rameaux."

Humour enfin : "Chaque fois qu'il s'approche, je surprends ses poils drus cherchant la sortie de ses oreilles". L'humour de Kafka.

Du père, peu de mots : réussite "solide, indéfectible". Lapidaire.
De l'amour charnel, presque rien, quelques baisers que l'on devine chastes.
Que la question reste sans réponse, c'est ce qu'il faut.

Pureté, clarté, un style inimitable qui réussit à nous mettre les larmes aux yeux quand nous pensons à la mort de cet homme malheureux que fut Kafka, au point de vouloir que l'on brûle toute son oeuvre.

Savoir qu'il eut cet ami indéfectible et que sans Max Brod une partie de son oeuvre eut été détruite.

C'est un tableau que nous contemplons, un tableau de neige, froid comme la tristesse, sobre, émouvant. Sa simplicité même est son atout le plus grand.

Merci à l'auteur qui pour en parler si bien devait éprouver un grand amour pour l'écrivain et surtout avoir avec lui de belles affinités.

 

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Pins et bouleaux, forêt du Pays d'Olmes - Ariège, novembre 2015

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[20] Clandestine - critique parue le 28 décembre 2020 [*] :

Le sentiment de douce mélancolie éprouvé quand on referme «Heiraten» ne trompe pas. L'auteur a réussi son pari, exposé dans un bref avertissement, d'évoquer, sans «en trahir aucune», des «personnes depuis longtemps disparues», et cela par un pur effet de son imagination et d'un travail de composition et d'écriture qui, de ses descriptions et dialogues, fait jaillir des images lumineuses et simples, tandis qu'en contrepoint photos et citations viennent asseoir le texte sur la documentation sensible qui a soutenu son avancée.
Malgré les documents – « Journal », correspondance, témoignages – auxquels nous avons accès, la vie intime de Kafka, et notamment la vie amoureuse de cet «éternel fiancé», reste toujours un mystère. En choisissant la discrète Julie de préférence à Felice la raisonneuse, Milena l'impétueuse ou Dora, la compagne des derniers jours, l'auteur nous offre, à l'aide de scènes quotidiennes, de propos quasi anodins, de gestes interrompus aussitôt qu'esquissés, l'image d'un Kafka doux et timide s'efforçant de maintenir à distance l'incessant combat intérieur qui le mine. Tandis que, contrastant avec l'inévitable rupture, la dernière partie est consacrée au souvenir enchanté de son idylle avec Gerti, la petite Suissesse rencontrée sept années plus tôt. Les amours les plus durables ne seraient-elles que les amours rêvées ?
Il est impossible de lire Kafka sans que se construise, souvent à notre insu, un double imaginaire de l'écrivain, double qui accompagne notre lecture – chimère composée d'un mélange inextricable de l'auteur et de nous-même. Celui qui habite le beau texte de Dourvac'h nous berce d'une mélodie délicate, celle d'une fontaine née d'eaux de sources diverses – comme l'évoque le bruissement des langues – intimement mêlées.

 

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DOURVAC'H, Uns Beide in Schnee nach den Teufeln... (détail huile sur toile - 2020)

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[21] Siabelle - critique parue le 23 janvier 2021 [*] :

 

Les Éditions Stellamaris (Brest) ont édité en 2015 ce beau livre Heiraten (Noces) : c'est aussi un bel objet avec ses pages glacées qu'on peut commander sur le site web de l'éditeur. C'est difficile de trouver les mots, disons que c'est un gros coup de coeur, une lecture vraiment incroyable, l'auteur Dourvac'h nous transporte littéralement et dès la lecture finie, on est à la fois désarmé et conquis.

Lorsqu'on entre dans le livre, c'est un peu faire entrer le soleil à travers les ombres, on entend même le bruit de la forêt, on se laisse bercer par la voix intérieure de Franz K. et on se sent rapidement projeté déjà dans son univers sombre et des ombres mystérieuses. « Eh bien, qui vient troubler ainsi ma retraite ? ». Il partage en trois parties ce que Franz K. vit au quotidien à travers deux rencontres magiques et tragiques : Julie W. & Gerti W. « La vie a bien besoin de ressembler à un fin de trait de lèvres, de ceux qui nous ouvrent le ciel étoilé. ». L'histoire se déroule de 1918-1920, de Schelesen à Prague... Franz K. rencontre Julie W: « Une jeune fille qui m'aime et que j'aime… ». Noces éternelles entre l'amour impossible et la mort invisible. Nous découvrons que Franz K. est un amoureux de la littérature, il aime créer des histoires et il sait bien les raconter à ses interlocuteurs. Il se remémore aussi sa rencontre avec la jeune Gerti, qui se déroule en 1913 sur les rivages de Riva. L'auteur sait très bien faire naître des images, comme lorsque Franz lui relate ses petits contes. « Notre petite Princesse Gerti ne voudrait-elle pas courir l'aventure, elle aussi ?… Sur ce visage adolescent, ce matin-là je vis fleurir le plus doux des sourires – pareil à ce premier soleil qui levait les brumes du lac par-dessus son épaule ».

Une longue recherche a été faite pour écrire ce livre, Heiraten, et lui donner toutes ses richesses. Ses illustrations nous permettent aussi de nous amener au mieux dans cet univers et nous le rendre exceptionnel. Les langues allemande, tchèque, yiddish sont introduites dans les dialogues et tout est écrit afin de refléter les mentalités de ces temps anciens. L'avertissement de l'auteur le justifie ainsi : « Autant de mélodies humaines reflétant la prodigieuse diversité culturelle de leur époque… »

On ressent un être profond à la fois tourmenté et dont l'auteur sait très bien saisir l'intériorité en nous faisant vivre cette expérience inoubliable. C'est grâce à son contact qu'on apprend à le connaître à travers les différentes facettes de sa vie et sa relation avec son Père… Ce père déclarant à son fils Franz : « Chaque jour, toute sa vie, travailler pour nourrir sa famille comme je le fais… », puis le jugeant : « Ne pas perdre son temps à écrire des histoires ! ».

Ce récit « Heiraten » est comme une pièce musicale que l'on vit à différentes tonalités, qu'on traverse sur le chemin des ombres, là où la lumière éphémère se glisse dans la pénombre. Il est inévitable d'éprouver beaucoup de tendresse pour ces personnes qui ont existé et auquel l'auteur donne une seconde vie. Ce livre vous fera vivre des émotions telles des vagues sombres et des lumières.

« - Franz, tu peux être ou redevenir enfant, toi aussi… regarde-moi un peu et prends exemple ! Elle fait une horrible grimace en déformant sa grande bouche magnifique… Je souris : Julie me fait repenser à l'histoire que G*** préférait… Je racle ma voix la plus mâle… comme dans les lectures publiques… ».

Je me permets aussi de signaler pour vous la longue liste de toutes les oeuvres de Franz Kafka [...] dont je vous donne ici le lien : https://www.babelio.com/liste/12561/Franz-KAFKA-1883-1924-une-trop-breve-existence.

Enfin, cette belle citation parle vraiment d'elle-même : « Un grand auteur est celui dont on entend et reconnaît la voix dès qu'on ouvre l'un de ses livres. Il a réussi à fondre la parole et l'écriture. »  (Michel Tournier). Elle m'a fait penser à Heiraten et à son beau petit monde livresque.

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Bois de bouleaux - commune d'Eyne, Cerdagne française, hiver 2019-2020

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[*] Sources essentielles pour l'ensemble des critiques de lecteurs :

site communautaire de lecteurs

Babelio

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Editions Stellamaris

LIEN DE L'EDITEUR (permettant de visualiser quelques pages de l'ouvrage)

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" Ô heure merveilleuse, sérénité parfaite, jardin sauvage. 

Tu tournes le coin de la maison et dans l’allée, 

la déesse du bonheur se hâte à ta rencontre. " 

(Franz K., Journal, 15 septembre 1917)

 

Les grands peupliers bruissent à nouveau au-dessus de nous.
Dans l’un de ces coins égarés du grand parc de Prague, une couverture de laine dépliée sous elle, Julie est étendue en robe claire dans l’ombre bleue-verte des arbres.
Ces grands peupliers dans le vent qui vient ; leur long murmure de rivière.

Je dépose un baiser sur le front de l’infante endormie.

[Dourvac'h, Heiraten (Noces), éd. Stellamaris (2015), chap. XIII : "CHEVAUX DE ZÜRAU", p. 72-73]


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Sources des photographies et gravures en N & B (figurant dans l'ouvrage) :

Fonds Klaus Wagenbach:

pour les photographies des principaux protagonistes de Heiraten 

(Julie Wohryzek, Pension Stüdl, Gerti Wasner & Franz Kafka)

Cercles cartophiles en République Tchèque : 

pour les reproductions de cartes postales du début du siècle

(vues de la synagogue de Vinohrady, château de Kokorin, Klacelka

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Photographies couleurs (sauf ci-dessus : Choucas des Tours - cliché L.P.O.) :

Dourvac'h

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1 janvier 2021

"Grand Large"

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Roman

M.P.E. éditions (Paris), 132 pages, 2013

[prix de vente public : 15 €]

   

    Regarder la mer empêche de mourir.
   Je l'ai ressenti la ptremière fois ce printemps dernier. J'ai regardé l'heure à ma montre : des puits de lumière dansaient à la crête des vagues. J'ai dû fermer les yeux un moment...

   A qui confier pareils secrets ?

 

   Môminette chantonne près de moi, s'en donne à coeur joie... sa petite chanson bien en tête...

   Ne s'occupe pas du reste...

   Accoudée à sa petite table de camping gondolée - petit bras recourbé sorti d'une manche de robe fleurie : Clara dessine.

   Un beau motif pour moi, son père et peintre en devenir...

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   Bruno Josse, "artiste-père", Clara et le petit disparu...

   Station balnéaire du bout du monde : peintre raté, alcool, solitude, folie, amour qu'on espère encore...

   Pourra-t-on jamais revenir indemne du Royaume des Morts ?

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TEXTES CRITIQUES

(par ordre chronologique de parution en ligne)

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[1] Laurence CABROL, site Ariège News, article paru le 13 mai 2013 :

[titre de l'article : Grand Large, le second roman de Dourvac'h]

 

C’est une petite mélodie que l’on aimerait entendre plus souvent… Dourvac’h en est à son second roman.
Avec lui, l’écriture vient du cœur, elle prend une signification singulière quand il décrit ses personnages, il y a une dimension d’humanité que l’on ne retrouve nulle part ailleurs.
Bruno, un peintre raté qui après avoir perdu son fils sombre dans l’alcoolisme et la solitude. Seule sa petite princesse Clara lui permet de garder la tête hors de l’eau.
Jusqu’au jour où il rencontre Rose qui à travers la fraîcheur d’un de ses tableaux tombe sous le charme de cet homme cabossé par la vie. Et à partir de ce moment tout bascule, sa misérable existence prend un tour particulier… «les enfants sont des magiciens» tant il est vrai qu’ils peuvent transcender l’existence des adultes.
Un petit roman à l’écriture fluide qui se lit très vite, un style entre pudeur et retenue, entre nostalgie et espoir. Avec en écho des paysages à la Caspar David Friedrich. A découvrir pour prendre le large."

 

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 Caspar David FRIEDRICH, Kreidefelsen auf Rügen (Falaises de craie sur l'île de Rügen),

huile sur toile, 90,5 x 71 cm, vers 1818

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[2] Barbara Delaplace - texte publié en 2013 [*] : 

J'ai relu Grand Large avec autant de plaisir que la première fois, et pourtant je relis rarement un livre. Peut être parce qu'au contraire de beaucoup d'autres livres, l'envie de connaître la fin n'est pas la seule raison de le lire. Ce qui compte aussi, c'est ton style simple et évocateur, où chaque mot n'est pas choisi au hasard, et aussi ce qu'on devine des caractères du peintre, de Clara, de Rose, de Charlène, l'atmosphère nostalgique qui baigne le lecteur. Et puis, la force de tes descriptions fait voir chaque chapitre comme un tableau impressionniste, ou alors comme une scène de film.... Je te l'ai déjà dit, je verrais bien Grand Large transposé au cinéma. Et en même temps, j'imagine ton exigence sur le choix des acteurs, les lieux... A nouveau, je te dis mon admiration.

[*] posté sur le site Regards Féériques, Forêt de fées et Rêves

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[3] Aurélia F- texte publié en 2013 : [*]

 

Le rôle de l'écrivain n'est pas de trouver un remède à sa propre solitude ou de satisfaire son amour-propre, mais d'offrir aux lecteurs un moyen de se sentir moins seuls, eux, en compagnie de personnages qui valent la peine d'être connus et aimés."

(Björn LARSSON)

Pour ma part, c'est mon livre préféré parmi tous ceux que j'ai pu lire de toi. J'ai le sentiment que Grand Large est la somme aboutie de tes autres livres, qu'à travers ce "Grand Large" quelque chose en toi a réussi à s'exprimer mais qui se cachait encore dans tes autres livres... mais c'est un sentiment personnel et peut-être n'est-il pas le tien. Il y a toujours ce côté onirique qui les caractérise, mais aussi ce côté réaliste et dur avec le père qui plonge dans l'alcoolisme, maladie que tu connais bien... Et ce mal-être de Bruno, je l'ai ressenti vraiment, j'ai ressenti son désarroi et l'injustice de sa situation. Cela m'a fait penser à "Au Jardin" : on voyage dans un monde enchanteur, mais on s'aperçoit vite finalement qu'il est sombre et trompeur... Que les belles fleurs s'avèrent vite empoisonnées... Tu arrives à faire basculer ton monde de la lumière à l'ombre et de l'ombre à la lumière très facilement et à entraîner tout aussi facilement le lecteur dans ces variations périlleuses... Cela me fait penser aux "Grandes Espérances", où Dickens nous fait marcher sur le fil ténu et fébrile qui sépare le rêve du cauchemar, et jusqu'au bout l'on ignore de quel côté l'on tombera définitivement, ni si l'on tombera jamais vraiment, d'ailleurs...
Comme chantait Joy Division dans Heart & Soul, sur l'album Closer (1980) : "Beyond all this good is the terror / The grip of a mercenary hand"...
Je pense que la seule critique que l'on peut faire (que je t'avais formulée en juin et que d'autres lecteurs t'avaient formulée également, je crois), c'est la façon irréelle avec laquelle Bruno retrouve son fils. Bien que ton livre ait un aspect onirique, de telles recherches et de telles retrouvailles ne peuvent que s'intégrer au monde réel dans lequel les personnages évoluent quand même, et la découverte d'Aurélien par son père ne saurait être justifiée par conséquent par le merveilleux.
Je comprends tout à fait les motifs qui t'ont poussé à créer cette intrigue autour de la découverte d'Aurélien par son père, et pour tout te dire que je ne l'avais pas vu comme ça. Au final, je trouve que tu as eu raison et surtout, tu es conscient de ce que ce choix implique. Je comprends maintenant tout à fait ta logique et la trouve saine et cohérente. J'y adhère et je te dis même bravo, sincèrement !
Ce qui peut sembler être une maladresse et une inconscience d'écrivain au premier abord s'avère en fait être un choix fait consciemment et surtout très réfléchi, et même si bien sûr le rendu peut continuer à insatisfaire le lecteur, il n'en reste pas moins que c'était le "moins pire" des choix faire afin de garder l'oeuvre entière, homogène et cohérente dans son ensemble.
De toute façon, si ce point peut gêner, il ne gâche en rien la lecture générale de ton joli livre.

[*] posté sur le site Regards Féériques, Forêt de fées et Rêves

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[4] Chantal G. - texte publié en 2013 : [*]

Grand Large, c'est pas la mer à boire et pourtant je l'ai bue d'un seul trait : j'ai fait "cul sec" ! Donc une première lecture pour m'imprégner, mais trop vite... la curiosité est forte.
Décantation... puis je replonge. Mais là, vitesse de croisière. Je veux sentir toutes les nuances, le rêve, la poésie, la délicatesse, l'étrange aussi car tu abordes un univers qui m'échappe avec ce personnage déchiré. Il voudrait mais ne peut pas. Manque de force ou de volonté ? Il essaie mais retombe. En gros c'est comme nager la brasse, une fois la tête sous l'eau, une fois la tête hors de l'eau. Le principal c'est de regagner la rive et il va y arriver.
Ta façon d'écrire me rappelle un film marquant que j'ai vu à sa sortie, "The Wall" : pas par l'histoire - qui ne me semble qu'un prétexte à écrire - mais par cette faculté que tu as de nous emporter dans l'imaginaire, dans l'apesanteur, de nous élever dans l'éther [...]


[*] posté sur le site Regards Féériques, Forêt de fées et Rêves

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[5] Jerry Ox - texte publié en 2013 : [*]

Je voulais te dire que j'ai bien reçu "Grand Large" que j'ai déjà bien entamé. Je l'ai commencé ce jour, assis dans l'herbe du parc de la Tête d'Or, à l'ombre et pret à découvrir ce récit que j'attendais de lire avec impatience. Je suis ravi ! Après avoir été un peu dérouté par les premières pages, j'ai plongé dans cette histoire d'enfant disparu sans laisser d'adresse, de ce père attentionné et perdu dans ses toiles et les volutes d'alcool depuis la perte d'Aurélien, se raccrochant au sourire et à la naïveté (et la curiosité précoce !) de Clara. Je me régale et je t'en remercie !

[*] posté sur le site Regards Féériques, Forêt de fées et Rêves
 

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[6] Olivier C. - correspondance personnelle datée du 12 septembre 2013 :


Je ne vais pas te faire une analyse ou critique détaillée de Grand Large, juste te faire part en vrac de ce qui me vient à l'esprit en relisant et repensant au texte (les choses que j'ai appréciées) : le , la richesse et le choix du vocabulaire (choix soigneux), l'humour et le dosage légéreté/gravité, un texte respirant naturellement, non forcé ("dans le bon temps", on dirait en musique), l'humanité des personnages, description par leur intérieur et non pas de descriptions idéologiques de l'extérieur (sauf pour la vieille femme kidnappeuse : c'est peut-être cela qui ne m'a pas plu dans ce passage), descriptions par touches successives qui compose petit à petit le personnage, les personnages, et les rendent très riches (pas au niveau du porte-monnaie, bien sûr!). Un bon suspense, pas au sens du polar, au sens de : on a envie de poursuivre le livre, il accroch bien la lecture (grosse grosse qualité !).
Bon, en gros je crois que ce qui caractérise tous ces points positifs se résume en deux mots : justesse et équilibre.
Justesse : adéquation /fond ; réalité des personnages/situations/relations ; mots Equilibre : tu ne tombes pas du fil du funambule dans des exercices dangereux (pour moi !) : faire parler des enfants sans tomber dans le gnangnan ou le gâtisme, faire parler des "amoureux" aussi, insérer des citations d'artistes ou des descriptions de tableaux.
J'aime beaucoup les inserts sur Caspar D. Friedrich et aussi le chapitre sur le type de la Tour Eiffel.

Voilà, le passage que je n'aime pas trop est l'arrivée en Touraine et l' "explication", trop abrupte à mon sens et avec un très clinique, "extérieur".
Après, on retrouve la poésie du début, la vraisemblance (pas de happy end, pas de résurrection mais la force des sentiments est tours là, ce qui est une forme de fin que je trouve très positive et très bien (là encore, exercice dangereux bien négocié !).
Bon, je m'arrête là, mais si ce texte peut t'éclairer, t'être utile dans la partie "travail" de ton art, tant mieux ! Quant à la partie "intuitive", ne bouge rien, tu peux lui faire confiance !

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[7] Marie-Madeleine - texte publié en 2013 : [*]


J'ai lu Grand Large. J'ai aimé l'écriture sensible et toute en nuances. Étonnant comme les mots sont posés par touches, un peu comme on prend la couleur sur une palette pour les utiliser sur la toile. J'apprécie la force des sentiments et la retenue de l'expression malgré la gravité de la situation. Belle pudeur riche de profondeur. La seule chose qui me gêne, c'est la disposition sur le papier : trop d'espaces blancs à mon goût. Merci pour ce partage où je sens la vie intérieure. J'ai lu Grand Large avec plaisir du début à la fin.


[*] posté sur le site Regards Féériques, Forêt de fées et Rêves

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[8] La chuchoteuse - texte publié en 2013 [*] :


Je viens de terminer Grand Large. Le peintre n'est pas loin derrière l'écrivain ; il lui tient la main. Touches subtiles, palette sensible , qui sait créer l'émotion chez la lectrice. Âme sensible où la part de féminité affleure mais où la pudeur persiste néanmoins. Prose fluide. Typographie aérée qui favorise quant à elle les pauses et la rêverie - comme a toujours su le faire ton blog. Maman, attirée par la photo de couverture s'est plongée dans la lecture du livre. Tu vois, la chaîne se forme au delà des générations...

[*] posté sur le site Regards Féériques, Forêt de fées et Rêves

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[9] Lucette B. - texte publié en 2013 [*] :

J'ai lu et relu Grand Large afin de pouvoir m'imprégner de tes personnages. Quelle belle écriture !! [...] J'ai beaucoup aimé, beaucoup apprécié. Ton écriture est très claire et tu nous fais vivre la vie de tes personnages et du lieu où leur histoire se déroule. Les images viennent tout de suite à notre esprit. Quant aux détails du travail du peintre que tu es, on les ressent tout de suite. Continue de nous émerveiller !

[*] posté sur le site Regards Féériques, Forêt de fées et Rêves

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[10] Janet Silverthorne - texte publié en 2013 [*] :


Alors, ça y est, j'ai lu Grand Large ! Yes, c'est vrai – je l'ai lu en un week-end.
Je ne suis pas une critique littéraire et donc je ne saurai faire une vraie critique –  je donne juste mes impressions – je l'ai aimé, j'étais prise par l'histoire et les personnages (donc bravo!) et j'ai apprécié le choix des mots et le . J'aurais juste aimé que ce soit plus long, que l'histoire dure plus longtemps. C'est sans doute parce que je suis habituée à lire des livres plus longs ? Je n'en sais rien.
De toute manière, je te félicite pour ce beau travail !

[*] posté sur le site Regards Féériques, Forêt de fées et Rêves

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[11] Zia - texte publié en 2013 [*] :

Moi aussi j'ai lu et relu ton Grand Large... et j'ai adoré ! Je l'ai reçu par la poste un jour vers midi. Je n'ai pu m'empêcher de jeter un p'tit coup d'oeil comme ça par curiosité, j'ai lu la première page... Et puis quelques minutes après je l'ai ré-ouvert et ne l'ai refermé qu'en fin d'après-midi, après l'avoir terminé. Quel plaisir j'ai eu à lire ton livre ! J'ai été complètement embarquée par l'histoire et les personnages... Au début, et à d'autres moments du livre également, j'y ai vu un tableau. On te lit et on a l'impression qu'une toile prend forme, chaque nouvelle ligne apporte une petite touche de couleur supplémentaire sur la toile. J'ai aimé le suspense.... On a envie de savoir pourquoi et puis après on a envie de savoir comment et puis après.... on n'ose y croire et pourtant... Il y a les livres qu'on aime, que l'on referme après les avoir lu en se disant " Ah, c'était bien ! " et puis il y a les livres, peu nombreux en ce qui me concerne, où tu sens que la fin est proche car il ne reste que très peu de pages à tourner. Ton coeur se met à battre plus fort, tu veux ralentir ta lecture. Et tu ralentis... Les deux premières lignes... Puis tu oublies. Tu tournes la dernière page, il n'y a rien derrière.... et là tu te rends compte que tu pourrais lire ce livre indéfiniment. Pour moi, ton livre fait partie de ceux-là. Je n'avais pas envie de refermer ton Grand Large. J'aurais voulu continuer encore et encore, savoir pour Aurélien, pour Clara, pour Grand Large... Après la lecture, je suis restée un long moment à imaginer la suite, ce qu'ils allaient faire, comment allait continuer leur vie, quels acteurs pourraient interpréter les rôles des personnages... Je te remercie sincèrement, Dourvac'h, pour tout le plaisir que j'ai eu à lire ton livre. Merci de l'avoir écrit et de l'avoir partagé avec nous en le faisant publier. Chapeau bas, Monsieur Dourvac'h !

[*] posté sur le site Regards Féériques, Forêt de fées et Rêves

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[12] Loëtitia Pillault - texte publié en 2013 [*]


Je viens de refermer Grand Large, après avoir eu le privilège de le lire en ligne... mais quel beau livre !!! ... Les personnages si réalistes, si intenses que je les visualise à merveille, et ces paysages que je connais et affectionne, tu le sais... Cette narration à la fois sombre et tendre, et ce fil de l'intrigue qui se dénoue avec tant de délicatesse mais aussi des tensions extrêmes... [...] il y des mots pépites qui m'inspirent des toiles mais à toi aussi, j'en suis sûre, comme ce petit bras blanc sorti d'une manche fleurie. [...]
La force de ce roman réside pour moi dans une écriture fluide, chantante, habitée... mais aussi habillée de nostalgie, de sombre, de mystère, de non-dit... et d'une pudeur intense.
Et puis ces personnages si vivants... je les vois dans un film... je les connais, ils sont plus que réalistes mais aussi romanesques et si humains. Le sombre Bruno se definit comme peintre "raté", sur ce seul point dans le livre je ne suis pas d'accord... il est loin d'être raté, cet artiste ; il est juste incompatible avec les règles qui regissent ce petit monde de l'art. Papa imparfait, qui a failli et s'en torture, les tourments de son coeur sont retranscrits avec tant de retenue, c'est réellement touchant.
Et puis un fil d'intrigue parfait, mené d'une main de maître avec un rythme formidable... comme le ressac des vagues, un peu de fougue, tempéré par le repli de l'ecume. Dourvac'h est pour moi le roi du contraste et c'est la force de ce merveilleux livre.

[*] posté sur le site Regards Féériques, Forêt de fées et Rêves

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[13] Annie Lasry - texte publié en 2013 [*] :


Je viens de terminer ton livre que j'ai dévoré... C'est si beau, si touchant, si sublime ! Ton histoire m'a bouleversée, ta poésie des mots m'a conquise. Est-ce le récit de ton vécu ou bien est-ce seulement le fruit de ton imagination ? (...) Quoi qu'il en soit, je revoyais en te lisant tous tes tableaux d'enfants. Personne ne parle mieux que toi de la nature marine. Bravo et merci pour l'émotion que tu m'as donnée.

[*] posté sur le site Regards Féériques, Forêt de fées et Rêves

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[14] Michèle - texte publié en 2013 [*] :


Ce torrent de montagne sinueux me fait penser au parcours d'une vie... Et étrangement à la vie du héros de Grand Large, surtout si cette vue est suivie de celle de l'océan... Les chemins hasardeux de la vie qui dédouchent dans leurs finalités sur le Grand Large de tous les possibles... Tu te doutes que j'ai reçu ton livre et que j'ai lu Grand Large d'une traite... Quel parcours que celui de ton héros !...

[*] posté sur le site Regards Féériques, Forêt de fées et Rêves

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 [15] Christiana Moreau - texte publié en 2013 [*] :

J'ai eu le privilège de lire le manuscrit avant de pouvoir lire le livre que j'ai commandé par la suite et je vous le conseille. Un petit bijou qui oscille entre blessures de la vie, mystère et poésie...

[*] posté sur le site Regards Féériques, Forêt de fées et Rêves 

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 [16] Sarah - texte publié en 2013 [*] :

« Un jour, en insistant, est-ce que je saurai peut-être ?...»
N'est-ce pas là toute la question ? N'est-ce pas là notre quête à tous ? En tout cas ce genre de questionnement est selon moi le moteur et la motivation de notre chemin... Et ce roman est en lui-même une quête je crois, celle du « comment vivre ? comment vivre, malgré...tout ... ». Sujet passionnant, forcément !
J'ai aimé cet univers où les faits violents, tragiques cohabitent avec la sensibilité des émotions traversées, si finement perçues, si finement rendues. J'ai été touchée par ce narrateur qui, à défaut de trouver le sens de ce qui lui arrive, y cherche tout de même un sens, se débat, entre chimères et illusions, dans une réalité douloureuse, parfois sordide, se raccroche à ce qu'il peut, le babillage de la petite Clara, la présence discrète de Rose... « C'est peu dire que les gens s'inventent le monde qu'ils veulent ! »... Et oui, là encore je fais mienne, si tu le permets, Dourvac'h, cette jolie phrase, c'est bien là tout notre pouvoir et notre fragilité d'humains, ce qui nous perd et qui nous sauve en même temps...
Un grand merci à toi pour ce moment de poésie profonde.
 

[*] posté sur le site Regards Féériques, Forêt de fées et Rêves

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[17] Crépusculine - texte publié en 2013 [*] :

J'ai eu grand plaisir à lire Grand Large, il y a deux livres dans ce livre, le chapitre XV engage la seconde partie de ton roman, c'est-à-dire grâce à Rose lorsqu'elle a dit au chapitre XIV : « Fais-le. »
Et le narrateur qui répond : « Me soigner, oui puisque c'est toi qui le dis ! ».
D'ailleurs ce chapitre est si court, à peine une page, il s'agit bien d'une transition.
La première partie, plus fluide se laisse lire aisément, nous faisons connaissance avec les personnages, et le narrateur bien englué dans son alcool, essaie de vivre au mieux avec sa «drogue».
Deuxième partie, brisure brutale, il se soigne avec les manques à vivre, décrit très pudiquement, pas de misérabilisme, jamais. Puis il part, on le retrouve dans sa guimbarde, envie d'agir, retrouver toute sa lucidité, et faire quelque chose pour retrouver Aurélien, puisque lui il sait qu'il n'a « que disparu », il croit et se persuade (avec raison) qu'il peut le retrouver. [...]
Le peintre et l'écrivain, les deux sont fusionnels, une écriture colorée, j'ai retrouvé les grands yeux de Clara, la petite robe à fleurs, les manches à volants de Rose, sans parler de la façon si poétique de parler de l'océan, du ciel, des falaises et de ses roches, une écriture très visuelle.
Et parler si pudiquement d'un tel drame, le personnage est tout en retenue, sa déchéance n'est pas du tout morbide. [...] Et toujours tes références de qualité, Caspar David Friedrich, Ramuz, Buzzati (oui, cet incroyable Désert des Tartares que tu m’as fait découvrir!) sans oublier ton cher Julien Gracq, et la petite touche sur Jack London pour Martin Eden qui m’a touchée.
Un style précis, un vocabulaire poétique soutenu par une palette de couleurs, un style vivant, une grande sensibilité, une fin que l’on ne pouvait absolument pas deviner au début de la lecture, influence de Simenon. Et tous les tourments de son âme, son sentiment de culpabilité, l’attitude de sa femme, décrits sans violence, sans hargne, avec une grande lucidité, une acceptation mais pas résignée, puisque l’amour pour Rose, et l’attitude de Rose furent son déclencheur pour enfin sortir de sa torpeur d’alcoolique.
Et la façon dont le narrateur retrouve Aurélien, et surtout la description de ce qu’est devenu Aurélien est narrée d’une façon juste, modeste, intelligente. Ton talent d'écrivain a parlé, et j'ai beaucoup aimé.

[*] posté sur le site Regards Féériques, Forêt de fées et Rêves 

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[18] LydiaB - critique publiée le 10 mai 2014 [**] :

 

La disparition d'un enfant... La déchirure d'un couple... Bruno subit les affres de la vie. Pourtant, parmi toutes les turpitudes, sur ce chemin de croix, brille un petit bijou : sa fille, Clara, qu'il est obligé de se partager désormais avec la maman depuis que le petit Aurélien a disparu, un beau jour, alors qu'il jouait au bord d'une falaise. Pas de corps mais un décès sous-entendu et un deuil qui ne peut pas se faire, inévitablement. Alors Bruno, peintre de son état, dessine, encore et toujours ces falaises... jusqu'à l'ultime rebondissement...

Waouh ! Quel texte ! D'une puissance, d'une finesse ! On oscille entre le vocabulaire de la petite Clara, enfantin et touchant, les descriptions picturales, petits tableaux magiques déclinés par petites touches et les pensées du narrateur, être torturé, tant mentalement que physiquement puisqu'il se laisse aller dans une déchéance crasse. Cet artiste tiraillé entre ses deux enfants, la mort d'un côté et la vie de l'autre, m'a fait penser à ces poètes romantiques du XIXe siècle, déchirés par la disparition de l'être aimé, clamant leurs vers douloureux dans des paysages souvent composés d'éléments aquatiques. Bruno est devant les falaises comme Lamartine devant son lac.

Vous l'aurez compris, j'ai adoré ce texte délicat qui ne peut laisser indifférent. L'auteur a un talent certain et mérite d'être connu.

(Lien : http://www.lydiabonnaventure)

[**] source : site communautaire de lecteurs Babelio

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[19] michfred - critique publiée le 2 juin 2015 [**] :

Grand Large, c'est un mélange de souffle et d'asphyxie, de couleurs délicates déposées sur la toile avec finesse et d'un vent destructeur couleur de désespoir qui décoiffe le moral et bat les falaises, c'est un babil d'enfant et un balbutiement d'ivrogne, c'est une trame réaliste -un deuil une solitude, un désir de réparation - et une envolée onirique - sont convoqués Caspar David Friedrich, Gérard de Nerval, Icare et l'homme-avion de la Tour Eiffel.

J'ai aimé ce récit personnel et vibrant, ce style habité, aéré, aérien, cette structure impressionniste, pleine de blancs et d'ellipses, qui s'adresse à l'intuition, à l'émotion, à l'enfance...

Il faut se laisser porter par le récit comme l'homme-oiseau se laisse porter par la bourrasque, comme le rêveur se laisse charmer par son songe au point d'y pénétrer et d'y trouver ce qui lui manque.

La clé des songes , comme les grands yeux des petites filles peintes par le narrateur, ouvre les portes de corne et d'ivoire d'une réalité cachée... plus vraie parce qu'on en a rêvé d'abord...

Merci, Dourvac'h, pour ce bol de grand air, cette disponibilité à la magie qui n'a rien d'un "happy end" mais qui nous apprend à penser le chagrin autrement !

[**] source : site communautaire de lecteurs Babelio

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[20] erveine - critique publiée le 20 juin 2015 [**] :

 

C’est le Dourvac’h, le varech. Qu’est-ce qu’on a en laisse de mer ? Un voyage en apnée. Des fonds marins. Des dents pointues en lames de fond et des dents de lait près du rivage. Des nacres et de mordantes falaises.
Du vague à l’âme et des embruns qui courent en crête, arcs-en-ciel luminescents. La fuite du temps, l’esprit coupable, et puis l’espoir. Enfin !
Il faut se mouiller pour voir, ni chaud ni froid ni tiède, il faut goûter les éléments, s’y frotter, se laisser bercer par les mots, par les flots emporté.

[**] source : site communautaire de lecteurs Babelio 

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[21] Madame_Superfetatoire - critique publiée le 28 juillet 2015 [**] :

 

Grand Large est vraiment un bon roman, caractérisé par une histoire fascinante, des personnages intéressants décrits par leurs sentiments originaux, élégants et raffinés, une histoire racontée avec une grande compétence. Je ne pense pas que ce roman ait eu le succès qu'il mérite ! En lui, vous trouverez des thèmes de la vie quotidienne, au lieu des "caractères" propres aux grands Classiques, fixés dans un cadre moderne et intellectuellement créatif. Qu'il s'agisse de la marginalité du principal protagoniste (Bruno), artiste-peintre "sur le motif", totalement imperméable au stress des galeristes, avec ses rêves de construction d'un monde idéal par le versant enchanté de l'enfance : un monde éthéré où l'illusion de vie lui permet d'oublier son immense douleur. Qu'il s'agisse du personnage d'Aurélien, fils de Bruno, avec son esprit libre et indomptable, petit Icare ensorcelé par la puissance du vent : être "là-haut", en haut de la falaise, l'amenera à imiter un certain petit homme fantastique de la Tour Eiffel... Ou qu'il s'agisse des contrepoints féminins délicats que représentent la petite Clara, fille de Bruno, ou encore Rose et Charlène, les femmes aimées. Une lumière colorée bien visible émerge de temps à autre d'entre les pages de ce livre, bien cachée derrière Bruno, ce "Grand Large" par son caractère entêté et majestueux : un personnage (et narrateur) qui s'impose aux autres personnages par ses capacités d'endurance et sa simplicité : même tombé très bas, il veut continuer à se battre, et espère vaincre malgré son affaiblissement. L'arrière-plan du fado, des ombres de Gérard de Nerval ou de Franz Kafka, et de bien d'autres références culturelles insérées dans les pages de ce roman, le rendent assez unique dans le paysage littéraire contemporain. le style de l'ouvrage est remarquable. Lisez-le et comparez avec différents autres livres (italiens mais aussi étrangers), vous comprendrez immédiatement pourquoi il représente un camée à ne pas manquer dans votre bibliothèque. Je le recommande vivement !

[**] source : site communautaire de lecteurs Babelio

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[22] Moovanse - critique publiée le 27 août 2015 [**] :

 

Un bonnet bleu abandonné, une tâche de ciré jaune, minces couleurs vives sur l’abrupt de la toile crayeuse…

L’artiste peint
L’artiste tremble
Vapeurs d’embruns, vapeurs d’alcool, « royaume de l’ombre »
L’artiste pleure – seul – silence du père – Rien que le vent qui geint, rien que ses fulgurances.
La mer s’en fout, elle, l’éternelle,
elle étincelle, ruisselle, déverse sans fin ses puits de lumière d’or …
L’artiste regarde – fixe – le père espère – regarde encore
Puisque, c’est vrai, tu sais : « regarder la mer empêche de mourir ».
Le pinceau incertain divague ses vagues de gouache, esquisse l’absence, coule la douleur : toujours les mêmes scènes en bord de soi, vertige, au bord de vides, bord de falaise, une mouette dans le grand ciel libre, et puis en contrebas, l’écaille des roches, les pins mordants, la mer, pareille, toujours fidèle, tapis étincelant. Vertige…
Envol ? Et toi, en bas ?

L’artiste peint, il faut survivre
Clara babille. Clara, son ange, sa gosse, son rire
L’artiste feint… de vivre
Le pinceau frais dessine le féminin et l’enfantin poupin, ose les roses, les colorés, les fleurs, les clairs des arcs en ciel, les yeux qui brillent…
Petites toiles moirées de ROSE, l’éclair d’espoir dans le halo des ecchymoses.
Deux ans déjà… Et toi, petit, où çà ?
Te serais-tu « hissé à l’intérieur du soleil » ?

Dourvac’h ? Cascades d’Eaux vives ? Et mortes Eaux …
N’y aurait-il pas un peu de toi, caché entre ces lignes, entre ces blancs et ces longs points de suspension ?
Dourvac’h, serais-tu tout à la fois peintre, musicien, conteur, rêveur et un peu magicien ?
Surement en toi, cette part d’enfance propre à l’émerveillement, surement le tendre et le sensible, surement la poésie et la pudeur, surement aussi quelques fissures.

« Falaises de craie sur l’île de Rügen » : j’ai eu la bonne idée d’aller voir ce tableau de Friedrich, puisque tu y as puisé le cadre de ton livre. Subjuguant ! Je comprends mieux ton engouement. Je comprends mieux toutes ces questions lancées vers les étoiles, toute cette mélancolie déversée sur les flots, ce romantisme à fleur d’écrit et cette contemplation méditative et intuitive face à la beauté sculpturale océane.

« Il y a l’attraction de la terre ; la beauté infinie de la mer ; toutes deux viennent à notre rencontre, nous parle du vide et de la mort ».
Nous parle aussi d’espoir, nous parle aussi d’amour.

Entre déchéance et « résurrection », entre apnée et respiration, Grand Large, c’est tout ça, une petite histoire funambule, un fragile équilibre, une palette d’émotions toute simple, vibrante, touchante, un cerf-volant, une bourrasque de vent, un pastel de couleurs tendres posé au creux des mers et l’aquarelle rêveuse d’un reste d’innocence.

Tu y mets tant ton âme, Dourvac’h, comment ne pas y croire ?
Ne dis-tu pas, comme Nerval dans Aurélia : « le rêve est une seconde vie », le rêve est une autre vie !

Immobile, sur la frange de sable mouillé, m’abandonner…
« Je t’appartiens jusqu’au fond de l’océan » – Comment ne pas aimer ?

[**] source : site communautaire de lecteurs Babelio

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Artiste peintre, Dourvac'h - huile sur toile (détail), 2013

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[23] nadejda - critique publiée le 9 septembre 2015 [**] :

 

Bruno est peintre et cela se sent tout au long du récit, dans la sensibilité des descriptions. C’est aussi un père, un père complice et attentionné avec la petite Clara aux grands « yeux de chevêchette », un père ravagé par la perte de son petit Aurélien.
Un père et un artiste, serait-ce incompatible ?
Bruno se sent coupable de la disparition de son fils car, absorbé par le tableau qu’il était, alors, en train de peindre, il n’a pas vu l’enfant prendre la poudre d’escampette et se perdre là où sont les falaises et où souffle le grand vent.
Sa femme ne lui a pas pardonné ce défaut d’attention, elle l’a quitté. Il se laisse aller à la boisson et se néglige malgré la tendresse et la complicité qui le lie à sa petite Clara quand il en a la garde.

C’est Clara avec son regard d’enfant qui va voir réapparaître Aurélien dans un tableau où elle l’a déniché « tout petit, perdu dans son ciré jaune, il a l’air si sérieux et si seul : sûrement peint avec un pinceau très fin, mais par qui ? » Bruno ne se souvient pas l’avoir peint mais un doute nait et cette découverte fera son chemin …. Plus tard Il se rappellera un tableau de Corot « Le coup de vent » où apparaît aussi un petit personnage et croira « en l’enlèvement par le vent »...

Et puis apparaît Rose, qui lui achète un tableau, un de ceux qui a donné « une petite soeur à Clara » . Une petite soeur de lumière.
Des yeux trop grands qui touchent au coeur de mon être. Je les vois comme une échelle de corde qui me ferait quitter ce monde. Cercles émeraude qui naissent du papier Ingres de l'esquisse... iris aux rayons colorés, frais échappés de l’arc-en-ciel… »

Rose lui redonne vie dans un premier temps « Elle sourit à mes bêtises ; et j’aime voir naître ces fossettes à la douce commissure de ses lèvres framboise. » 
mais le doute renaît et Bruno se sent mal sous le regard de Rose et se dit qu’une femme comme elle ne peut aimer « un père raté et un peintre raté »…

Je ne peux qu’ajouter qu’après tout un cheminement intérieur et bien des questionnements
« Existe-t-il, ce chemin d’eau entre les âmes ?
Comme si la voix surgissait des profondeurs de la mer… »

Bruno aura enfin une réponse… mais chut…

Ce texte poétique tout en douceur, que mon souvenir de lecture nimbe de couleurs pastel estompées, m’a touchée et séduite.

[**] source : site communautaire de lecteurs Babelio

 

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[24] bobsinclar69 critique publiée le 25 février 2016 [**] :

Lorsque j'ai découvert Grand Large de Dourvac'h , je me trouvais assis dans l'herbe du parc de la Tête d'Or de Lyon ! Après avoir été un peu dérouté par les premières pages, j'ai plongé dans cette histoire d'enfant disparu sans laisser d'adresse, de ce père attentionné et perdu dans ses toiles et les volutes d'alcool depuis la perte d'Aurélien, se raccrochant au sourire et à la naïveté (et la curiosité précoce !) de Clara. J'ai aimé l'ambiance tour à tour angoissante, prenante et un rien érotique par instant qui se dégage de ce roman . C'est mon coup de coeur concernant l'auteur Dourvac'h que je recommande vivement aux lectrices et lecteurs de Babelio .

On angoisse pour ce père de famille déboussolé qui ne croit plus en son art, qui pense que sa peinture ne vaut plus rien et qui, en plus d'avoir perdu son fils , éprouve des difficultés avec sa fille et ne croit plus en l'amour... jusqu'au jour... Grand Large à lire avec passion !! Evasion garantie !

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photographie : DOURVAC'H, Sentier des Douaniers, entre Collioure et Portbou (Catalunya, octobre 2020)

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[25]  Siabelle - critique publiée le 29 août 2020 [**] :

C'est par un très beau hasard et sur les conseils de mon amie-lectrice Cricri124 que je choisis le roman Grand Large qui semble m'appeler, aussi grâce à sa superbe couverture qui le représente si bien.


J'ouvre donc mon livre et je suis très heureuse d'aller faire la connaissance de Bruno. Il est un peintre et il est également un «papa». On se laisse porter par sa voix et il nous raconte son histoire, ainsi que le drame qui survient dans sa famille. Sa vie bascule, quand son fils ne revient pas d'une balade, et qu'on ne retrouve pas le corps.

Captivant, Passionnant, Enveloppant.

Je me laisse vraiment transporter, je suis très subjuguée par la manière dont il raconte. Je remarque une écriture énigmatique, puissante et imagée. Je suis très conquise par ce héros attachant qui vit beaucoup d'états d'âme. Je suis alors sous le charme de sa plume, à la fois vibrante, poétique et musicale. En sa compagnie, tu vas à la rencontre des personnages hauts en couleurs, tels que sa petite fille Clara, sa rencontre inattendue avec Rose : elles l'aident à ne pas trop sombrer, ainsi que les tableaux qu'il peint. On le voit se débattre, à la quête de lui-même et, soudain, il décide d'aller à la conquête de son fils Aurélien, pour essayer de comprendre sa disparition.

« Peut-être… et que le vent me guide »….

Le livre Grand Large, c'est une rencontre avec soi-même, ainsi qu'avec son environnement. C'est un récit à la fois très touchant, très émouvant et très troublant, où notre héros Bruno est à la recherche de la vérité. C'est également un appel : à l'écho de la nature et à l'écoute de nos sens. Mais aussi à suivre son instinct, coûte que coûte, même si parfois on se sent seul contre le monde entier. C'est ainsi avec Bruno, ce héros fragile et rebelle qu'on accompagne du début jusqu'à la fin, et que je suis très triste de quitter. On se laisse alors amener, on se laisse ainsi malmener, on se laisse dès lors naviguer, vers le « Grand Large »…

C'est un véritable coup de coeur, c'est un très beau livre qui se laisse lire, qui se dévore, qui se déguste ; si bien dépeint, ce portrait du Grand Large dont d'autres lecteurs pourraient suivre les traces.

[**] source : site communautaire de lecteurs Babelio

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photographie : DOURVAC'H, Sentier des Douaniers, entre Collioure et Portbou (Catalunya, octobre 2020)

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[26] 1967fleurs - critique publiée le 29 août 2020 [**] :

Hier soir, j'ai passé ma soirée à lire Grand Large de Dourvac'h. Je me suis laissée emporter par les vagues, les reflux de l'océan. Je me suis crue à l'Ile de Ré. J'ai pris un bon bol d'air et cela m'a fait du bien.

Bruno est un père aimant, attentionnée et pourtant un jour son fils Aurélien disparaît. On ne se remet jamais d'un tel drame. Grâce à sa petite Clara, drôle, espiègle, attachante, il tente de ne pas vaciller. C'est difficile et compliqué de continuer à vivre avec cette culpabilité de ne pas avoir été assez vigilant.

Il ne se résout pas à faire le deuil, pas de corps juste un bonnet retrouvé.

Alors il peint pour faire revivre son fils perdu.

L'auteur écrit tout en émotion, poésie, il nous entraîne au gré du large, de la tempête des coeurs, des fêlures qui laissent passer la lumière, des non-dits, des esquives de la police qui promet de retourner sur les lieux du drame pour chercher une nouvelle piste mais sans conviction.

Bruno ne désarme pas, c'est de sa fragilité qui fait la beauté du personnage, alors il cherche son fils…
Un livre percutant, émouvant, qui emmène le lecteur jusqu'au bout de lui-même…

Merci à Siabelle, fidèle amie, qui m'a recommandé cette lecture, alors malgré mes appréhensions par rapport au thème, j'ai plongé et suis revenue à la surface.

[**] source : site communautaire de lecteurs Babelio

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photographie : DOURVAC'H, Sentier des Douaniers, entre Collioure et Portbou (Catalunya, octobre 2020)

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[27] Srafina - critique publiée le 30 septembre 2020 [**] :

Court roman sur la recherche d'un enfant perdu, disparu en l'espace de quelques secondes, perte immense que Bruno peintre de son état a du mal à se remettre. Quel parent ne le serait pas ? En plus du chagrin, il y a la culpabilité d'un père qui pour un moment d'inattention a perdu son trésor, la chair de sa chair. C'est la déchéance, l'alcool, le sentiment de son inutilité. L'amour est pourtant à sa portée mais aura-t-il la force de chasser ses démons. Sa petite fille l'inspire dans le choix de ses tableaux. Sa douceur, son espièglerie, son innocence d'enfant lui est un baume au coeur qui l'entraîne à aller de l'avant.
Roman tout en prose, plein de poésie qui touche au coeur et nous rend malheureux pour Bruno. L'auteur a su retranscrire les sentiments de ce père perdu dans les affres de l'alcool et de la perte de son enfant.
J'ai beaucoup aimé aussi retrouvé les paysages de cette mer que j'adore et m'inspirent aussi très souvent ses sentiments de Grand Large. Ce vent qui nous porte et nous emmène très loin comme un oiseau épris de liberté.
Première découverte de cet auteur qui m'a été conseillé par une amie babéliaute Siabelle. Belle écriture.

[**] source : site communautaire de lecteurs Babelio

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photographie : DOURVAC'H, Sentier des Douaniers, entre Collioure et Portbou (Catalunya, octobre 2020)

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[28] babounette - critique publiée le 16 avril 2021 [**]  :

 

"Grand Large", titre évocateur, la mer, le ciel, le vent...

Mais pour Bruno, artiste peintre, depuis deux ans, Grand Large évoque la disparition de son fils Aurélien alors âgé de huit ans. Il ne reste de lui que son bonnet calé sous une pierre en haut de la falaise.

Pas de corps, pas d'indice, rien. Rien que le vent qui hurle, comme si le petit garçon s'était envolé dans ce vent.

Bruno s'enfonce dans le désespoir, son couple chavire, sa femme Charlène ne lui pardonne pas son manque de surveillance et s'en va emmenant avec elle leur petite fille Clara. Bruno boit plus que de raison, il se déprécie, il culpabilise. Il peint mais se trouve nul.

Clara, le soleil de Bruno, petite fille éveillée, maintiendra son père au-dessus de l'eau.

Où est Aurélien ? Bruno n'a jamais cru à sa mort.

Le dénouement est surprenant.

C'est sur fond de nuages voyageant par dessus la mer, par dessus la falaise que Dourvac'h nous peint avec des mots emplis de poésie , par petites touches colorées, parfois grises, sa souffrance, ses espoirs, la tendresse qu'il a pour Clara.

Je me suis posée parfois entre deux paragraphes, entre deux chapitres pour laisser vagabonder mon esprit sur les falaises, dans les embruns, dans les nuages et le vent, dans le cri des sternes. Avec le petit bonnet d'Aurélien, ils ont formé une ronde dans ma tête.

Je dépose donc mes mots certes moins beaux que ceux de Dourvac'h pour en garder la trace.

Vous l'aurez compris, j'ai aimé lire Grand Large.

 

[**] source : site communautaire de lecteurs Babelio

 

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Fleur ou L'abandonnée, Dourvac'h - dessin aux crayons de couleurs aquarellisables (détail), 2008

 

*

Toutes oeuvres picturales ici reproduites : Caspar David Friedrich (1774-1840)

Photographies couleurs, autres peintures et dessins : Dourvac'h

1 janvier 2021

"L'été et les ombres"

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Roman

M.P.E. éditions (Paris), 112 pages, 2014 [*]

[prix de vente public : 14,95 €]

[*] préc. éd. artisanale : "La Compagnie des Fées", 2009 : tirage 30 ex. (épuisé)

*

Val, vieux solitaire de treize ou quatorze ans.
Vient cette fille Chris s'invitant par la lisière du petit bois d'Amour.
Chris tombée des branches : Val rêve-t-il encore ?
S'il nous suffisait d'ouvrir grand, là-haut, les portes de nos prisons aériennes !

Trésor d'être deux sous la hêtraie,
"Outremonde"...
A l'assaut des cimes des arbres : Val fou de sa Chris pour toujours.

Nuits d'émeraude en piémont pyrénéen,
Rosier nourri d'étranges lueurs.
Outremonde...
Odeurs de peau et de rivière.

Val & Chris : nos petits frère et soeur d'âme... Tristan & Yseult à peine nés d'hier...
Célébration de très gentils héros : Ric Hochet & Nadine (par Tibet et A.-P. Duchâteau).

Dédiée à tous nos rêves adolescents ( ...à Tristan & Yseult en personne !), cette toile peinte imperturbablement naïve du sentiment amoureux.

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TEXTES CRITIQUES

(par ordre chronologique de parution en ligne)

 

[1] Laure - critique parue sur le site L'Autre côté du Miroir en 2009 :

[ http://www.autrecotedumiroir.net/ ]

C'est toujours avec impatience que j'attends de lire un nouveau récit de Dourvac'h. Ceux et celles qui parcourent son blog savent que ce magicien des mots sait trouver le terme, la phrase juste pour nous faire passer le seuil de Féerie et se retrouver le temps de quelques instants auprès des Belles Dames.
L'été et les ombres
, le dernier-né de « La Compagnie des Fées » ne fait pas exception à la règle. Ce récit poignant et réaliste nous fait plonger le temps d'un été en "Outremonde", où deux adolescents, Val et Chris, ont créé leur monde féerique au coeur des arbres, où le temps, tel dans le monde des fées, s'écoule lentement. Mais même la rêverie doit prendre fin et un soir d'été un événement va mettre fin à la songerie et Chris, telle une illusion, va partir, disparaître de la vie de Val. Mais heureusement, telle la fin d'un Conte de Fée, nos jeunes amoureux vont se retrouver quelques années après et la magie va renaître, comme si rien ne s'était passé ...
Une très belle histoire où magie et beauté se cachent entre les branches des arbres où un frêle esquif fait front au vent.

[...] Découvrez également [ses] deux autres ouvrages :

Fées, Rêves et Glaces [critique : http://autrecotedumiroir.net/fees-reves-et-glaces] et

Au Jardin (critique : http://autrecotedumiroir.net/au-jardin). "

 

P1010764

 *

[2]  Siabelle, critique parue le 10 novembre 2020 [*] :

Je vous présente une très belle découverte : un premier roman-Jeunesse que nous offre l'auteur, Dourvac'h. Son titre : L'été et les ombres, publié pour la première fois en 2009. Vraiment conquise par sa belle plume qui est efficace, poétique et harmonieuse, aussi charmée par la magie des mots car on déguste sa belle prose musicale. L'auteur possède une façon d'écrire très visuelle, il nous happe complètement et nous transporte avec lui dans cet univers rêveur qu'est «Outremonde».


" L'été et les ombres "… puisque c'est en été que les deux adolescents se rencontrent et se présentent par leurs surnoms : « Val » (pour Valentin) et « Chris » (pour Christine). Ils aiment se retrouver en dehors de chez eux, au coeur de la forêt où ils construisent ensemble leur petit monde, bien à eux. C'est un refuge à part, qu'ils partagent (sans s'en douter) avec le lecteur. On s'attache beaucoup à ces deux personnages qui nous touchent, tout au long de l'histoire que nous raconte Val le narrateur. Il habite le hameau de Saint-Cernin, c'est un garçon de treize ans. On l'accompagne tout au long de ses journées...


Passionnant, déstabilisant, enveloppant.
Je trouve le roman magnifiquement bien écrit : c'est vraiment une écriture très fluide, les mots sont soigneusement choisis. Et puis on se laisse emporter par ce riche décor à la fois féerique, enchanteur et sauvage. Tu te laisses porter par la voix de Val, dans ses débats livresques avec sa douce Chris, où il se dégage une tendre affection, entre eux. Il se confie aussi dans ses émotions, sur ce qu'il vit. C'est vers la fin de l'été, qu'un drame arrive, et c'est l'incompréhension pour Val, car ils se séparent. Elle quitte la colline et il se doute de quelque chose ; Chris ne sait pas vraiment comment révéler à Val ce qui lui est arrivé. On perçoit bien une tristesse, un vide également pour Val, qui s'en sort du mieux qu'il peut, par le retour à son quotidien. On ressent très vite une part d'ombre, une face bien cachée de Chris. le lecteur voudrait deviner avec Val ce qui tourmente tant sa Chris bien-aimée... Quelques années plus tard, à la fin d'un été, ils se retrouvent... Val, mûri, apprend de Chris la sombre vérité qu'il soupçonnait. L'auteur sait à la fois surprendre et aborder des thèmes difficiles : ces traumatismes auxquels, même jeunes, on peut faire face... Je suis très heureuse de la fin de l'histoire, on découvre des secrets qui se dissimulaient dans la pénombre de l'été, avec toutes ses ombres…


Pour moi un très beau livre un peu mystérieux : dès qu'on y entre, on retrouve ce petit quelque chose de magique, qui nous interpelle, qui vient nous chercher et qu'on ne voudra plus quitter. Comme il ne faut pas perdre l'essentiel de ce qu'on ne voit pas toujours : la magie, la bonté et l'émerveillement. Donc un gros coup de coeur, car la magie s'est opérée pour moi, même une très belle rencontre de coeur, comme un conte qui peut toucher les jeunes comme les adultes. Je ne souhaite pas que ce tendre roman reste méconnu ou tombe dans l'oubli. Aussi je vous invite à découvrir le beau petit monde livresque de Dourvac'h, un écrivain talentueux qui fait partie de mes auteurs préférés. Il est également un auteur/lecteur, un membre de Babelio.

[*] site communautaire de lecteurs Babelio

P1030240

*

C'est un coin d'herbes folles, de bleuets, de chiendent,
Blotti entre la jungle infernale des grands
Et le petit jardin tranquillet de l'Enfance,
C'est une île inconnue de vos cartes adultes,
Un lagon épargné, une prairie inculte,
Une lande battue où les korrigans dansent,
L'Adolescence, l'Adolescence...

C'est l'échelle de soie, c'est Juliette entrevue,
Debout dans le miroir c'est la cousine nue
Qui s'émerveille et crie au fond de mon silence,
C'est un baiser volé à la barbe du Temps,
C'est deux enfants qui s´aiment à l'ombre d'un cadran
Où sous chaque seconde l'Immortalité danse,
L'Adolescence, l'Adolescence...

C'est "Toujours", c´est "Jamais", c'est éternellement
Le cœur au bord des lèvres, le spleen à fleur de dents
Et au ventre-volcan l'Amour-incandescence,
C'est " Je t'aime : on se tient ! ", c'est " Je t'aime : on se tue ! "
C'est la Vallée d' la Mort de l'autr' côté d' la rue,
Vers les noirs pâturages la haute transhumance,
L'Adolescence, l'Adolescence...

C'est les poings dans les poches fermés à double tour,
C'est " Familles, je vous hais ! ", c'est René à Combourg,
Ophélie qui se noie, c'est Lucile qui s´avance,
C'est notre Diable au corps, c'est le Grand Meaulnes en route,
Cest ce vieux Bateau Ivre qui reviendra sans doute
Les flancs chargés d'oiseaux, de fleurs et d'innocence,
L'Adolescence, l'Adolescence...

Depuis plus de vingt ans que j'y ai jeté l'ancre
Dans ce pays de fous, de chiens tièdes et de cancres,
Depuis plus de vingt ans j'y passe mes vacances,
Et comme ce vieillard de quatre-vingts printemps
Qui s'endort, un beau soir, et qu'on couche dedans
Son petit, tout petit coin de terre de Provence,
Couchez-moi, je vous prie, quand viendra le moment,
Dans ma terre, mon pays, couchez-moi doucement
En Adolescence, en Adolescence... 

Henri TACHAN (1975)

Copyright : AZ disques

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Photographies couleurs : Dourvac'h

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